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drlepidoptera et ses quatre enfants

16 décembre 2015

Lettre à mes FFL (friend for life) : En rentrant de Paris

Parce que de temps en temps, j'arrive à sortir sur Paris... C'était en juillet...

A mes copines,

En rentrant de Paris…

Je ne suis plus parisienne de tous les jours. Alors regagner ma nouvelle maison hier soir… Cela a été un doux moment… Et je suis bien rentrée… parce que quand on n’est plus parisienne… Etre là, c’est …

C’est regarder les lumières des rues, les affiches de cinéma sur les colonnes, manquer de s’encastrer dans un bus qui grille le feu rouge,  avoir une attention particulière pour les autres, un soir d’été, tenue estivale oblige, qui sortent des restos et traversent hors les clous, et puis oublier de redémarrer et caler, parce que c’est joli, le premier quartier de la lune « dans l’eau » avenue de Versailles, juste avant la porte de Saint-Cloud. Et sortir de Paris, prendre le tunnel vers l’A13 en travaux sur une voie pour 30 minutes de plus mais s’en moquer.

Parce que j’aime vous retrouver, observer nos échanges, s’écouter à tour de rôles, s’annoncer tel ou tel évènement, essayer de se comprendre, rire (ou pas, c’est selon), et après deux ou trois heures qui passent si vite, se séparer au coin d’une rue, et puis rentrer et pour passer le temps et cette heure pour rentrer dans ma campagne auprès de mon homme endormi avant moi, et que je vais réveiller forcément…  Chanter avec infiniment d’émotion retenue « J’ai touché le fond de la piscine » d’Isabelle Adjani, avec les violons synthétiques derrière, tranquille dans ma voiture, à presque minuit, après une belle soirée, c’est une jouissance. A moins que j’atteigne mon maximum sur Cambodia de Kim Wilde voire Careless Whisper…

Parce que seuls les cas de force majeure  font  manquer ces rendez-vous réguliers.  Des dîners « quadra », mais au-delà des cases dans lesquelles on cherche souvent à nous mettre : les chemins de femmes d’aujourd’hui, qui se connaissent depuis longtemps, s’apprécient, se suivent, se valent, et avancent. Parfois un genou à terre mais jamais longtemps.

La nostalgie n’est pas ma tasse de thé et je n’ai jamais beaucoup aimé me remémorer le passé qui ne reviendra plus. Et qui parfois pèse trop lourd. Je préfère cultiver le présent et « les problèmes du jour » comme disent les infirmier(e)s avec lesquelles je travaille et espère agir pour le futur, le mien, celui de mes enfants, le vôtre peut-être.

Je suis passée tant de fois devant sans le voir… Le café du commerce est un lieu parisien que je ne connaissais pas,  un bon goût et une simplicité raffinée traversant le temps au-delà des modes et des branchitudes. Merci pour ce rendez-vous. Cela valait bien deux bouteilles de Bourgogne aligoté et un dessert… 33… Dites 33… Je ne sais plus qui a fait la division, mais merci pour cette belle soirée.

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16 décembre 2015

lettre à mon fils pour ses 14 ans

J'aime infiniment ce poème, depuis la première fois où je l'ai lu en entier; avant, enfant, et finalement jusqu' à bien tard, je n'en connaissais que les passages déclamés dans "Les sous-doués passent le bac"... , c'était bien avant les Profs2 (histoire de génération).

A chaque lecture, j'y lis autre chose, et je m'amuse aussi à le déclamer au féminin...pour mes filles.

Je vous le propose dans plusieurs versions, je n'ai rien inventé, sauf la fin, pour l'anniversaire de mon fils, je lui ai écrit ma version. Il dit qu'il a aimé...

Tu seras un Homme, mon fils

Rudyard Kipling, écrit en 1910.

Si… Tu seras un homme, mon fils

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.


IF (Le poème original en anglais)

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream —and not make dreams your master
If you can think —and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: “Hold on!”

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings —nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds’ worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And —which is more— you’ll be a Man, my son!

 

Traduction (masculine) par Jules Castier (1949)

 

Si tu peux rester calme alors que, sur ta route,
Un chacun perd la tête, et met le blâme en toi ;
Si tu gardes confiance alors que chacun doute,
Mais sans leur en vouloir de leur manque de foi ;
Si l’attente, pour toi, ne cause trop grand-peine :
Si, entendant mentir, toi-même tu ne mens,
Ou si, étant haï, tu ignores la haine,
Sans avoir l’air trop bon, ni parler trop sagement ;

Si tu rêves, — sans faire des rêves ton pilastre ;
Si tu penses, — sans faire de penser toute leçon ;
Si tu sais rencontrer Triomphe ou bien Désastre,
Et traiter ces trompeurs de la même façon ;
Si tu peux supporter tes vérités bien nettes
Tordues par les coquins pour mieux duper les sots,
Ou voir tout ce qui fut ton but brisé en miettes,
Et te baisser, pour prendre et trier les morceaux ;

Si tu peux faire un tas de tous tes gains suprêmes
Et le risquer à pile ou face, — en un seul coup —
Et perdre — et repartir comme à tes débuts mêmes,
Sans murmurer un mot de ta perte au va-tout ;
Si tu forces ton coeur, tes nerfs, et ton jarret
À servir à tes fins malgré leur abandon,
Et que tu tiennes bon quand tout vient à l’arrêt,
Hormis la Volonté qui ordonne : “Tiens bon !”

Si tu vas dans la foule sans orgueil à tout rompre,
Ou frayes avec les rois sans te croire un héros ;
Si l’ami ni l’ennemi ne peuvent te corrompre ;
Si tout homme, pour toi, compte, mais nul par trop ;
Si tu sais bien remplir chaque minute implacable
De soixante secondes de chemins accomplis,
À toi sera la Terre et son bien délectable,
Et, — bien mieux — tu seras un Homme, mon fils.

Traduction ( féminine ) par Germaine Bernard-Cherchevsky (1942)

Si tu restes ton maître alors qu’autour de toi
Nul n’est resté le sien, et que chacun t’accuse ;
Si tu peux te fier à toi quand tous en doutent,
En faisant cependant sa part juste à leur doute ;
Si tu sais patienter sans lasser ta patience,
Si, sachant qu’on te ment, tu sais ne pas mentir ;
Ou, sachant qu’on te hait, tu sais ne pas haïr,
Sans avoir l’air trop bon ou paraître trop sage ;

Si tu aimes rêver sans t’asservir au rêve ;
Si, aimant la pensée, tu n’en fais pas ton but,
Si tu peux affronter, et triomphe, et désastre,
Et traiter en égaux ces deux traîtres égaux ;
Si tu peux endurer de voir la vérité
Que tu as proclamée, masquée et déformée
Par les plus bas valets en pièges pour les sots,
Si voyant s’écrouler l’œuvre qui fut ta vie,
Tu peux la rebâtir de tes outils usés ;

Si tu peux rassembler tout ce que tu conquis
Mettre ce tout en jeu sur un seul coup de dés,
Perdre et recommencer du point d’où tu partis
Sans jamais dire un mot de ce qui fut perdu ;
Si tu peux obliger ton cœur, tes nerfs, ta moelle
À te servir encore quand ils ont cessé d’être,
Si tu restes debout quand tout s’écroule en toi
Sauf une volonté qui sait survivre à tout ;

Si t’adressant aux foules tu gardes ta vertu ;
Si, fréquentant les Rois, tu sais rester toi-même,
Si ton plus cher ami, si ton pire ennemi
Sont tous deux impuissants à te blesser au cœur,
Si tout homme avec toi compte sans trop compter ;
Si tu sais mettre en la minute inexorable
Exactement pesées les soixante secondes
Alors la Terre est tienne et tout ce qu’elle porte
Et mieux encore tu seras un homme mon fils !

 

Lettre à mon fils (pour ses 14 ans) par drlepidoptera

 

Si tu sais rester toi-même, grandir, et évoluer pour devenir celui que tu as seul le droit de décider d’être,

Si tu sais cultiver le bien sans angélisme, le bon goût avec simplicité, l’élégance sans arrogance, la joie, et une forme d’art de vivre, que tu sais savourer le présent, le jour ensoleillé, la convivialité.

Si tu aimes qu’on pense à toi, et que tu sais redonner ce que tu reçois.

Si tu sais partager sans t’oublier, ni insinuer le doute dans l’équité.

Si tu n’acceptes pas d’être le porte-voix d’une cause qui ne serait pas tienne, ni porte drapeau ni insigne religieux.

Si le courage te guide mais ne t’autorise pas à blesser, ni dans les gestes, ni par les mots.

Si tu ne t’enfermes dans aucune case,

Si tu n’acceptes sur ton front, tes idées et ta propre réflexion, aucune étiquette nationale, catégorielle, politique ou religieuse.

Si tu arrives à être ce doux mélange que seule la génétique et l’Histoire des Hommes savent créer. Et qui ont fait le monde…

Si tu sais te battre pour les objectifs qui sont les tiens sans jamais écraser ton prochain.

Si tu respectes au plus haut point la femme qui t’a mis au monde et l’homme qui l’a aimée et t’a vu naître. Si tu n’oublies jamais qu’eux seuls ont vu tes yeux s’ouvrir dans la nuit, et ont entendu ensemble ce premier cri de tes poumons qui ont commencé à respirer.

Si tu es le maillon solide de ce bijou précieux qu’est le collier formé par des frères et sœurs liés à jamais par leur histoire commune.

Si tu sais trouver ta place et soutenir et aimer et demander le soutien des membres de ta famille.

Si tu sais traverser le temps dans le présent, sans juger que c’était mieux avant, que la mode d’aujourd’hui vaut mieux que celle d’hier, ou que demain est le seul jour que tu attends.

Si tu sais qui tu es, d’où tu viens, et où tu souhaites aller.

Si tu sais être quelqu’un plutôt que rêver d’avoir.

Je n’ai rien à y redire, le monde t’appartient.

Tu seras un homme libre et respectueux, mon fils.

Et je saurai te le clamer dans tous les restaurants des châteaux des villages que nous traverserons.

9 décembre 2015

Suis-je un personnage de ton roman, maman?

Ma fille,

Tu vas avoir onze ans,  petite nymphe de 2015, avec  de jolis yeux bleux légèrement slaves et des cheveux blongs longs lissés comme la mode d'aujourd'hui, et des ongles nail art comme dans le blog d'enjoy phoenix.Tes gènes européens, de l'est, de l'ouest ont programmé une magnifique réussite: toi, et tu portes si bien le jegging!

Il y a quatre ans, tu as échappé au CE2 et pris un peu d'avance. Tu étais déjà une fierté, ton intelligence et ta maturité t'ont permis un petit saut en longueur. Mais te voilà collégienne, avec timidité de sixième, sac longchamps et  pass navigo... et viens d'obtenir les félicitations du conseil du premier trimestre... Bien sûr, je pourrais afficher et décrire à mes voisins, des amis, ou mes collègues ce bon résultat, ce tableau d'honneur collégien, avec cette fierté de poule et ce manque d'objectivité total qui m'envahit quand mon orgueil maternel exulte. Mais je ne veux pas m'étaler. Quand un grand frère, lui, s'est plutôt fait aligner, dans une déception à consoler mais qui sait rebondir. Comment dire sa fierté tout en restant discrète et modeste?

Ecrire... et offrir...et vivre sa fierté.

Je t'ai choisi des boucles d'oreilles créoles, avec des petits strass... Je voudrais liker cette réussite, mais immédiatement t'offrir cette fierté: ma fille, tu es une fille brillante...

Tu m'as comme remerciement demandé si tu étais un personnage de mon roman. Tu sais que j'écris, cela t'intrigue, et tu ne sais pas que j'ai relié des petits ouvrages, et travaille sans effort quand j'ai un peu de liberté, trop irrégulièrement. Trois fichiers, que je range dans mes documents et que je renomme à chaque séance d'écriture me rappellent à l'ordre. Trois livres dans mon ordinateur, des plans, des conclusions, des prologues, des épilogues, des chapitres. Mais ma fille attend ma publication. Je voudrais être Delphine de Vigan, qui sait si bien écrire à partir du réel, et des faux-semblants des manipulations d'aujourd'hui, mais j'ai peur du piège de l'autofiction, de la part d'impudeur et de danger qu'il y a écrire sur soi et les siens. 

Oui, tu es un personnage central, ma fille. De mon livre, de mes romans commencés, inachevés, de ma vie.

Ne sois pas déçue, mais je dois te le dire, ma fille: je ne suis pas Delphine de Vigan, ni cet auteur, en capacité de publier... Pas encore, ou à jamais, qui le sait?

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drlepidoptera et ses quatre enfants
  • Femme, in love, quadra, médecin, mère de famille recomposée...Maman de quatre enfants, maman très active, très penchée sur l'écriture, la réflexion, le bien-être et les contradictions de notre vie globale, j'aime qu'on ne me colle pas d'étiquette...
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